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Sebastian Reichmann. La Moquette de Klimt Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
13-06-2013

Sebastian Reichmann, La Moquette de Klimt, Non Lieu, 2012

« Une chaîne de significations contagieuses »

 Né en 1947, exilé à Paris dans les années 1970, Sebastian Reichmann écrit en français depuis plus de trente ans. En l’occurrence, la Moquette de Klimt est sous-titré « Poèmes traduits du roumain par l’auteur ». Celui-ci est donc entre deux langues, comme ses poèmes sont entre deux mondes, l’Est et l’Ouest, (en passant cependant par le Pont Charles, dont la présence ici rappelle un précédent recueil de l’auteur), le réel et l’imaginaire, la veille et le rêve, l’art traditionnel et l’art « nouveau »…

Des mondes imbriqués, confondus, comme les chante le surréalisme avec lequel, ici et là, fraie Sebastian Reichmann (et Petr Král, auteur de la préface et ex-surréaliste tchèque, ne le démentirait pas, qui évoque à propos du recueil des « catastrophes tranquilles » ainsi que « la nature saugrenue et déplacée de tout le réel »), et aussi comme Dada qu’il n’hésite pas à questionner. Des mondes où la surprise s’impose comme élément poétique, où l’on peut rencontrer « I. L. Caragiale en chair et en os devant la Gare du nord », où Bucarest devient méconnaissable, puisqu’y « flottent les drapeaux des firmes / et des compagnies d’assurance internationales », des mondes où « pour quelques instants nous nous glissons encore dans les traces des rêves », où « Tord-Cervelle cherche ses mots »…

Eh oui, ce sont bien les mots, finalement, qui étonnent par leur présence inopinée, par leurs formes ciselées, par leurs sens écartelés.

                                    « comme ils nous volent

                                    le pain et le couteau des mots

                                    nous leur volons le fil décourageant

                                    entre le signifié et le signifiant »,

dit le « Sonnet avec François Villon ». Ajoutons que chaque poème est couronné par une « enluminure » de Tomáš Frýbert, poète et plasticien, ce qui ne manque pas de donner aux mots des dimensions graphiques contribuant abondamment à la réussite de ce beau recueil.

Jean-Pierre Longre

Un site à visiter : editionsnonlieu.fr

À noter que les éditions Non Lieu poursuivent leur exploration de la littérature roumaine contemporaine avec la publication des n° 3 et 4 de la revue Lettres roumaines, où voisinent prose narrative, poésie, essai et art pictural.

Elles viennent de publier aussi Miss Roumanie, roman de Cezar Petrescu, traduit par Jean-Louis Courriol (chronique à venir).

 
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