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La sagesse de la terre Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
30-03-2016

 

Des nouvelles de la souscription publique

La sagesse de la terre:

mise à jour Novembre 2017 clic

Souscription publique: la Sagesse de la Terre de Brâncuși

Jusqu'au 30 Septembre 2016 

Renseignements pour faire une donation en ligne: clic  

L'oeuvre est exposée à Bucarest du 19 mai 2016 au 17 juillet 2016

au Muzeul Naţional de Artă al României clic

 

  

La sagesse de la terre 

 

Les Roumains se saignent pour

Brancusi, l'enfant du pays

 (prononcer [konstanˈtin brɨnˈkuʃʲ] Prononciation du titre dans sa version originale Écouter)

Mirel Bran (Bucarest, correspondant) 
dans Le Monde du 22 Mars 2016 p.20

Six millions d'euros : c'est le montant que les 19,8 millions de Roumains devraient sortir de leurs poches pour acquérir La Sagesse de la terre , chef-d'oeuvre du sculpteur français d'origine roumaine Constantin Brancusi, né en 1876. « Nous sommes pauvres mais le sort de cette sculpture se joue maintenant ou jamais, a déclaré le premier ministre, Dacian Ciolos, vendredi 18 mars. Si l'Etat n'exerce pas son droit de préemption, nous perdrons cette sculpture à jamais et nous serons encore plus pauvres. »

L'histoire de cette sculpture, qui représente une jeune fille assise, a été aussi mouvementée que celle de son auteur. Constantin Brancusi a quitté la Roumanie en 1903. Direction : Paris. Moyen de transport : à pied. En 1907, le talentueux sculpteur roumain est remarqué par Auguste Rodin qui lui propose d'être son apprenti. Refus. « Rien ne pousse à l'ombre des grands arbres » , lui répond Brancusi qui finit par avoir son propre atelier au 11, impasse Ronsin, dans le 15e arrondissement.

Une sorte de réparation

C'est à Paris que l'artiste roumain va donner naissance à la sculpture moderne. En 1907, Brancusi sculpte La Sagesse de la terre qu'il vend quatre ans plus tard à Gheorghe Romascu, un ami roumain amateur d'art. Mais en 1957, les autorités communistes s'en emparent. Depuis la chute de la dictature roumaine en 1989, les héritiers du propriétaire ont intenté plusieurs procès contre l'Etat et ont fini, en 2010, par obtenir que la fameuse sculpture leur soit restituée. Quatre ans plus tard, ils finissent par la mettre en vente au prix de 20 millions d'euros, mais l'Etat roumain fait valoir son droit de préemption. Les négociations avec la famille héritière ont abouti à un montant de 11 millions d'euros. Sur cette somme, 5 millions seront versés par les caisses publiques. Le reste, soit 6 millions d'euros, devrait être couvert par les contributions bénévoles des Roumains.

L'affaire n'est pas simple dans un pays où le salaire moyen est de 380 euros par mois. « Si cette campagne réussit, cela voudra dire que les Roumains veulent se libérer de leur indifférence et de leur impuissance » , a déclaré le ministre de la culture, Vlad Alexandrescu, le 18 mars. 

Racheter la sculpture de Brancusi constituerait aussi pour les Roumains une sorte de réparation. En 1940, l'artiste avait créé en Roumanie un ensemble monumental composé de La Colonne de l'infini , La Porte du baiser et La Table du silence , trois pièces majeures dans son oeuvre. Dans les années 1950, les communistes avaient essayé de déraciner La Colonne de l'infini mais les tracteurs de l'époque n'avaient pas été assez puissants. « L'Etat communiste a commis une injustice en voyant dans Brancusi un artiste décadent , a affirmé Vlad Alexandrescu. C'est maintenant notre devoir de réparer cette injustice. » Reste à savoir si les Roumains seront prêts à en payer le prix.

 

Brancusi 

 
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