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14-06-2016

 Si vous avez raté les séances du CNP, vous pourrez voir Baccalauréat 

  au cinéma Saint Denis à la Croix-Rousse  77, Grande Rue de la Croix Rousse 69004 Lyon  

                                      en janvier 2017

 Vendredi 6 / 01 à 20h45  samedi 7 /01 à 18h00 et Lundi 9 / 01 à 20h45

Le 11 décembre, un échange a réuni une cinquantaine de personnes après la projection de Baccalauréat, dernier film de C. Mungiu, récompensé par le prix de la mise en scène à Cannes en 2016. Les spectateurs roumains et français ont abordé le thème d’un héritage complexe pour la jeune génération roumaine: l'influence d'une corruption en chaîne sur les relations humaines de personnages attachants.

Le cinéaste dépeint des êtres sympathiques, serviables, reconnaissants, protecteurs, en quête de liens généreux les uns avec les autres, qui sont tous reliés par une même émotion: la peur. Peur de ne pas réussir un examen, des études, une entrée dans la bonne école primaire, une opération chirurgicale, une apparence sociale, une carrière, une relation, une vie.

Quels petits arrangements avec la morale pour maquiller cette peur? Une petite dose de solidarité pour tromper l'impuissance face à un système insatisfaisant? Quel système social peut prévenir cachotteries et tricheries de la société?  Un petit tour d'Europe, une  plongée dans l'histoire, des témoignages et des souvenirs ont ouvert des pistes de réflexion à poursuivre...

Un détail du scénario demeure intriguant: qui a lancé un caillou et cassé un carreau de l'appartement du personnage central, Romeo?

CJC 

  Sylvie da Rocha, directrice des CNP et Rodica Chiriac, adhérente cinéphile de Rhône Roumanie, ont animé le débat.

 

 

 

 

 

 

 

   CNP TERREAUX à LYON à partir du 7 décembre 2016  Programme

DIMANCHE 11 DECEMBRE, UN TEMPS D'ECHANGE

ORGANISE PAR RHONE ROUMANIE AURA LIEU APRES LE FILM. 

 Ce moment cinéphile sera animé par Rodica Chiriac, adhérente de Rhône Roumanie, et également investie dans les activités de bénévolat autour du cinéma d’art et d’essai, notamment pour aider à l’organisation et mise en place des festivals de films au sein du cinéma le Zola à Villeurbanne. Son intérêt pour le cinéma vient de son enfance à Buftea, une petite ville proche de Bucarest qui avait comme particularité d’accueillir les plus grands studios cinématographiques du pays. Venez donc découvrir la suite dimanche...

Tarif de la séance: 6,50 € pour les adhérents de l'association Rhône Roumanie et les citoyens roumains munis d'une pièce justificative de nationalité. 

Baccalauréat de Cristian Mungiu : quand la satire vire au polar noir  

Par Pierre Murat, le 19/05/2016 dans Télérama 

Un père se donne corps et âme pour que sa fille passe son examen. Mais tout ne se passera pas comme prévu et tous les moyens semblent bons pour qu'elle obtienne son diplôme. Dans le rôle principal, Adrian Titieni, pressenti pour un prix d'interprétation masculine.

Il y a quelques années, on parlait du « cinéma de l'inquiétude morale ». Ce courant venait de l'Est et Krzysztof Kieslowski en était le héraut. Notamment avec le Décalogue, dix moyens métrages de 50 minutes qu'on va redécouvrir bientôt (il ressort le 29 juin).

L' « inquiétude morale », à l'Ouest, on s'en fiche un peu. Mais c'est un thème qui continue de hanter les cinéastes qui ont vécu, durant tant de temps, le communisme. Se compromettre ou pas ? Ruser ou sombrer ?…

Le talent de Cristian Mungiu (Palme d'or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours), c'est de mettre constamment la théorie en pratique, sans jamais sombrer dans le film à thèse, style « Les Dossiers de l'écran ». Voilà, donc, dans Baccalauréat, un médecin prénommé Roméo, dont il n'a pas vraiment le physique. Il a la cinquantaine, un peu d'embonpoint, et on ne sait pas trop si sa jeune maîtresse qu'il a opérée avant de la séduire (bonjour l'éthique !) l'aime pour lui ou pour ses relations.

Car tout le monde, en Roumanie, semble destiné à obliger quelqu'un à lui être redevable. Rendre « des services », comme ils disent. Contrairement à son épouse, pour qui les mots « devoir » et « honneur » ont encore de l'importance, Roméo n'est plus l'idéaliste qu'il était. La foi, l'espérance et l'amour, toutes ces sornettes, n'ont pas résisté aux Ceauscescu, à la peur ambiante, à la pauvreté permanente et, peut-être, à sa propre médiocrité.

Froideur suave

Sa seule obsession, désormais, est de sauver sa fille : si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d'une bourse qui lui permettra de quitter ce fichu pays, d'étudier en Angleterre. Plutôt douée, l'adolescente se fait agresser dans un chantier près de la fac et a du mal à utiliser sa main droite. Ça ne fait rien, il faut qu'elle réussisse… Roméo s'agite : il lui faut des « services ». En échange d'un foie tout neuf, un homme influent lui promet d'intervenir auprès d'une pointure qui pourra corrompre le correcteur des copies…

Roméo accepte, Roméo fonce sans s'apercevoir que le piège se referme sur lui. C'est cet engrenage que décrit Cristian Mungiu avec une froideur suave, où les faits (une vitre brisée) angoissent au moins autant que les sentiments. Les plans séquence qu'il affectionne lui permettent d'instaurer, pour le coup, une  inquiétude totalement « physique » : on contemple, par vagues successives, un homme se noyer. La satire sur la corruption inévitable vire lentement au polar noir...

S'il complique inutilement son scénario dans la dernière demi-heure, le film reste jusqu'au bout fulgurant. Et dans le rôle principal, Adrian Titieni se révèle un candidat sérieux au prix d'interprétation masculine. 

 

 
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