Ana Maria Sandu. L'écorchure |
01-04-2010 | |
Ana Maria Sandu, L’écorchure. Vu par Marine Joatton. Traduit du roumain par Fanny Chartres. Les éditions du Chemin de Fer, 2010. Les miroirs de la mémoire En vers libres (ou en prose rythmée), une succession de tableaux tentent de fixer sur la page les fluctuations de la mémoire. Il ne s’agit pas vraiment d’autobiographie, mais plutôt de souvenirs poétisés, dans lesquels l’imaginaire et l’écriture de jeunesse tiennent aussi leur place, souvenirs oscillant entre la première, la deuxième et la troisième personne, comme si le miroir, en fragments divers, multipliait les angles de vue et nous donnait à voir plusieurs « petites ana » dont chacune a « une histoire à raconter ». Les histoires, ces divers va-et-vient dans le passé, entre la petite enfance, avec ses jeux et ses travaux, et la période des études, avec ses amours et ses débuts littéraires, nous mènent vers « ces choses simples et insignifiantes », parfois heureuses, souvent douloureuses, qui font l’intimité d’une petite fille et d’une femme. Les jeux de l’enfance, notamment, ne sont pas dénués de violence et de sexualité naissante. Les plaisirs, les brimades, les amitiés, les inimitiés, les modes de vie, les coutumes du passé dans la Roumanie des années 1970-1980, tout est dit sans fausse pudeur, sans complaisance non plus. Et cela contribue à la poétisation de la vie, dans ses dimensions physiques et mentales, réalistes et oniriques. Les dessins de Marine Joatton, à gros traits côtoyant les mots, s’y superposant parfois, les « écorchant » au passage, renforcent l’aspect visuel du texte. Ils ne l’illustrent pas, mais lui ajoutent leur dimension, à la limite du fantastique. Les qualités poétique et plastique, l’étroite complémentarité des arts font de L’écorchure ce qu’on peut appeler un beau livre. Jean-Pierre Longre Un site à visiter : chemindefer.org
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